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dessins d'enfants

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Quand j'étais enfant, je dessinais comme Raphaël; il m'a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant.

Pablo Picasso

Un jeune homme — Arthur, 5 ans («et trois quarts», tint-il vraiment à préciser) — dont je venais tout juste de faire la connaissance, m'a fait l'amitié d'un dessin au moyen duquel il m'intégrait — littéralement — à sa smala, de la taille de ses parents, mais de la même couleur que lui. Que Freud et Françoise Dolto se le tiennent pour dit!

 

 

 

 

 

 

J'ai trouvé qu'il y avait là matière à inaugurer une nouvelle section de ce site, pour y accueillir d'autres chefs d'œuvre du genre — en gardant à l'esprit le sens originel du terme: un «chef d'œuvre», en effet, ce n'est pas forcément la Joconde, les demoiselles d'Avignon ou les tournesols de van Gogh; c'est, plus exactement, le «chef» — c'est-à-dire la «tête»,  le commencement — d'une œuvre...

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Ma jeune voisine, alors à peine plus âgée qu'Arthur, m'offrit, elle, un dessin de sa confection lorsqu'elle apprit le décès de ma petite chatte Gymnopédie. Tout y était, y compris le nombre de pattes, le gris et le blanc du pelage, le vert des yeux et le rose du museau... 

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Gymnopédie

la même, par Neyla

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Le dessin d'Estela

« Autrefois, quand quelqu’un mourait, dans la paroisse, des tas d’amies et de voisines allaient porter de la bouffe, généralement sucrée, à la famille éprouvée: qui une grosse tarte aux pommes, qui un décadent gâteau des anges, qui encore une platée de pets de sœurs dorés ou de biscuits dodus aux pépites de chocolat sortis tout droit du four. Les hommes, eux, restaient chez eux. Les hommes, souvent, ne savent pas trop quoi faire avec la mort.

Le jour du décès de ma mère, ma petite voisine — je l’appellerai Estela —, sept ans, vint, elle, m’apporter un dessin. Un extraordinaire dessin de sa confection, fait avec l’encouragement de sa mère — mais, tint à me préciser cette dernière, sans aucune suggestion de sa part. On y voit, dans le bas, la courbure bleu et vert de la terre avec, sur la gauche, un point rouge au-dessus duquel est écrit: «Granby». Au milieu, sur fond noir constellé d’étoiles, une forme féminine découpée et collée, munie d’ailes, la tête ceinte d’une auréole dorée, s’élève vers le haut du dessin — comme le suggèrent les volutes qui semblent l’y propulser. Tout en haut, un espace bleu pâle, à la bordure ondée, comme on le dit en héraldique, et comme on imagine celle des nuages quand il faut en dessiner. Et, dans ce «nuage», c’est loin d’être le désert. Il y a tout d’abord le «Papa de Guy», dont Estela sait qu’il est décédé depuis longtemps; il est lui aussi ailé et auréolé, et il sourit; tout près de lui, un boîte emballée et enrubannée, avec la légende: «Cadeau de Beinvenue [1]»; un peu plus haut, à côté d’une table sur laquelle il y a, dessinés et désignés, du «Lait» et du «Miel», une  «Amie», également du genre ailé, et munie, elle aussi, d’une auréole; à la table, une chaise, vide, a l’air d’attendre quelqu’un; sous la table, «Gymnopédie», ma petite chatte retournée au paradis des chats il y a quelques années; ma jeune voisine m’en avait, ce jour-là, aussi offert un joli dessin, très précis; en tout cas, il rendait scrupuleusement le pelage gris et le nez rose de l’original! À côté de la chatte, un petit rectangle brun; je ne m’étais pas trompé en devinant une tablette de chocolat; j’ai en revanche dû — cretino che sono! —demander à Estela ce qu’elle faisait là. «Mais c’est pour que Gymnopédie l’apporte à ta mère, voyons donc!» Voyons donc, en effet... À gauche, un «Puit» muni d’un seau — un «puits aux souhaits», peut-être — et, sur la droite, un «Bain de Oiseaux» dans lequel s’ébat un «Oiseau» surmonté du symbole de la paix; à la gauche du puit(s), un «Buddha» rondouillard aux mains jointes et au sourire on ne peut plus... bouddhique! Et puis, dans un rectangle du coin supérieur droit — on imagine une espèce de fenêtre permettant de voir ce qui se passe au sein du nuage —, un «Chien», qui fait penser au mini-caniche anthracite d’Estela, et une «Balançoire», comme celle sur laquelle elle aime s’élancer, au parc Lafontaine, le tout sur le parterre de fleurs d’un été qui ne finit pas...  (...) »

 

[1] Sic. Les quelques petites fautes d’orthographe du dessin ont été laissées telles quelles.

(Extrait de Confections)

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L'une de mes — grandes — filleules me semble avoir manifesté, assez tôt, un certain goût pour les voitures de luxe... On reconnaît presque, ici, une Silver Ghost des années 1920 — en tout cas, on reconnaît la décapotable et... le fantôme, à l'avant!!!

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Mais j'ai aussi été étonné de voir que, sans avoir probablement jamais entendu parler du Brésil à ce moment, elle dessinait déjà des Bahianaises!!!

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Bon, OK, OK, il conviendrait que Mister G. se... mouillât lui itou...

Alors... voici quelques échantillons de la production picturale de ses jeunes années...

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C. 1954. Sans titre, mais ç'aurait pu s'appeler «le foyer». Nous n'en avons jamais eu dans ma famille. C'était donc une création fantasmatique...

Sans titre mais signée — et datée: 3e année. Donc, 8 ans?

Mister G. s'essayait aux paysages, hésitant entre Constable et le Groupe des Sept.

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Mais je pense que Mister G. a le plus souvent eu le dessin... narratif — et monochrome. 

I

 

 

 

ci, par exemple, une illustration de quelques fables de la Fontaine: 

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(...) Il y a une autre raison qui me rend le dessin d’Estela si attachant. D’aussi loin que j’ai pu tenir un crayon — de la main gauche! —, j’ai, comme elle à son âge, adoré dessiner ce qui avait du sens pour moi; mais je devrais peut-être dire, plus précisément: ce qui, de cettemanière, prenait sens à mes yeux. Je n’ai, cela dit, jamais été un dessinateur talentueux, loin de là. Mes personnages sont presque toujours de profil, comme sur une fresque égyptienne du temps de Thoutmès II; de face, on dirait qu’ils marchent comme des pingouins sur la banquise. Mais cela n’a aucune importance. J’ai comprisles fables de La Fontaine en dessinant, dans un grand cahier, le drame des animaux malades de la peste, l’angoisse de l’agneau victime de la cruelle intimidation du gros méchant loup, la ruse du laboureur s’adressant à ses fils sur son lit de mort, la stupide vanité de la grenouille qui se voulait aussi grosse que le bœuf (...)

 

Extrait de Confections 

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(...) J’ai toujours, aussi, une longue banderole de papier kraft sur laquelle, un peu comme sur les rouleaux de la Torah, j’ai dessiné, avant de savoir lire, les épisodes les plus connus des récits bibliques, de l’«affaire de la pomme» à celle de Sodome — à laquelle j’étais incidemment destiné à revenir quelques éons plus tard. L’imaginaire de notre civilisation, si génialement exploré par Thierry Hentsch à travers les grands récits de l’Occident, c’est d’abord en le dessinantque je m’y apprivoisais (...)

Extrait de Confections

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Et voici, tiens, l'éphémère interprétation que dessina, sur le trottoir, ma jeune voisine (qui devait alors avoir dans les 8 ans, à ce moment-là) de mon récit de voyage en Écosse...

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La crèche de Neyla

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Victoria, filleule de Mr G. (fin 2019)

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Autoportrait aux flocons

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Autoportrait au lit (en plan Petite Vie)

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Père Noël hipster,

au poids santé

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Esquisses pour la Licorne,

le Pitou de Noël

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Licorne... bicorne

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Leprechaun

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Fantaisie chromatique

— ou vague arc-en-ciel

De Marie C., de Chicoutimi (5 ans, bientôt 6), qui explique (janvier 2020):

 

« Il y a un chat au milieu du dessin. [1] À côté, à gauche du cadeau, en dessous du sapin, il y a une crèche. À droite, il y a un bol de thon (il est gros, parce que le chat aime beaucoup le thon). Le chat mange le thon. Les étoiles ont des bras et des jambes et elles dansent [2]. Le sapin est jaune, le chat est mauve. Il y a une étoile au haut du sapin avec le début de mon nom : MAR. C’est pour Guy »

[1] Le chat est violet, comme le thon. Picasso disait: quand je n'ai plus de bleu, je prends du rouge.

[2] Nietzsche, lui, disait: «Il faut avoir conservé du chaos en soi pour être en mesure de faire naître une “étoile qui danse”.» En allemand, les étoiles ne «filent» pas: elles dansent...

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De la même artiste (il s'agit d'une commande spéciale de Mister G.)

 

Commentaire de celle-ci (avril 2020):

«Il y a le grand monstre au milieu qui a fini deuxième à la course. En haut i y a le lapin rouge qui a gagné la course et à droite le fantôme a fini troisième.  C'était une belle course, très difficile,  et le monstre et la lapin sont contents. En bas, c'est la piste.  Quand j'aurai le temps je la finirai...»

Tout rapprochement avec quelque pandémoniaque virus ne serait donc que l'effet du hasard — ou, alors, de la remarquable générosité sémiologique du réel...

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Une nouvelle production de Marie : la Série des joyeux, réalisée en deux soirs, avant de se coucher, soit vers 22 heures. A l’heure où elle a le plus d’énergie !

«Celui marron en haut à gauche, c’est Fourchette, il fait Blblblblblbl avec sa bouche parce qu’il n’aime pas trop ce qu’il mange. À sa droite, c’est Joyeux (c’est une fille quand même) ; elle fait Blblblblblb avec ses bras. Elle fait la vague. En bas à gauche, c’est Maléfique, elle sourit parce qu’elle est contente. Ses jambes aussi sont faites de même, on ne sait pas pourquoi. Et le petit vert en bas à droite c’est Brocolis, il veut donner un câlin à quelqu’un.»

«C’est le mariage de Marcel et Diane. Pour la cérémonie il y a des fleurs pour faire leur arrivée chaleureusement. Le ciel est bleu, mais à la fin du mariage ils retrouveront plein de paillettes transparentes sur leur dos !»

(Marie)

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« C’est Brexit, le chat des voisins. Derrière, c’est la femme de Brexit, mais comme je n’avais pas la place, je ne pouvais pas le faire tout entier. Et devant Brexit, c’est sa fleur qu’il va voir à chaque matin parce que c’est sa préférée. Mais le plus bizarre c’est qu’il marche sur l’eau ! »    (Marie)

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ruelle du Plateau, mai 2020

Eventail déplié

 

« Au milieu de la neige qui tombe, c’est une petite fille avec son manteau d’hiver (en fait c’est moi !). Elle a hâte de rentrer chez elle parce qu’elle a vraiment très froid ! Au-dessus de sa tête, on voit un thé : elle rêve de ça. Prendre un thé parce qu’elle a très froid. C’est un clown qui tient le thé et j’aime bien ses cheveux. Sa maison est jaune et elle arrive bientôt quand même ».

(Marie)

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(Marie) Fragments d'un abécédaire enluminé

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Un Frankenstein avec une meilleure bouille que celle de Boris Karloff...

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La crèche de

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Autoportrait au masque (Marie)

La baignade du petit ourson

 

C'est l'histoire d'un petit ours qui a envie de se baigner à chaque journée. Aujourd'hui le petit ours est allé se baigner et il pleuvait. Quelle chance car petit ourson adore l'eau. Avec sa maman il se baigna toute la journée.

 

Fin de l'histoire!

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Je marchais sur l'avenue du Mont-Royal, le matin de la saint-Valentin, quand j'ai croisé un serpentin de bouts-de-chou, genre todlers tenant à peine — quoique vaillamment — sur leurs courtes pattes, et dont l'une — Charlotte — m'offrit une carte coloriée par ses bons soins et munie, à l'intérieur, d'un petit cœur en chocolat...

De Marie. Si j'ai bien compris, c'est l'histoire d'une forêt dans laquelle,  chaque matin, des ballons sortaient des arbres. Un jour, un écureuil est sorti de son nid et a crevé un ballon. Le matin suivant, on ne voyait plus de ballons, mais il y en restait un, bien caché dans le ciel. Mais je pense qu'elle était un peu distraite dans son récit. En outre, à ma question de savoir pourquoi on ne voyait pas l'écureuil, j'ai cru comprendre que l'artiste ne se trouve pas très bonne pour les dessiner. Plus précisément, quand elle le fait, elle trouve que ça ressemble à des renards — dont elle a peur. Mais, parlant de renard, il est vrai que Saint-Exupéry, lui, ne se trouvant pas très bon pour dessiner les moutons, avait, comme on sait, trouvé un truc pour contourner le problème...

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mouton de Saint-Ex

(dans une caisse)

Cette fois, m'assure-t-on, Marie a jugé son dessin suffisamment explicite pour n'avoir pas besoin de le commenter ni  de l'expliquer. En outre, selon toute vraisemblance, et contrairement aux renards, le lapin ne semble pas vraiment effrayer l'artiste.

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Crèche de la Collection Sénécal (années 50)

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