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Prière de la sérénité

(notamment adoptée par les A.A.)

Les Alcooliques Anonymes, qui regroupent des milliers de membres un peu partout dans le monde, et dont le modèle a inspiré plusieurs autres mouvements analogues, se défendent vigoureusement d’être une organisation religieuse, de quelque manière que ce soit. Il faut dire que les fondateurs de ce mouvement, dans les années trente, avaient personnellement expérimenté l’échec assez lamentable des approches religieuses dans le traitement de l’alcoolisme — surtout dans la mouvance de ce protestantisme américain qui avait tendance à traiter les alcooliques au mieux avec une condescendance paternaliste et, au pire, avec un hautain mépris.

 

Les A. A. ont une assez étonnante conception de Dieu auquel ils réfèrent plus volontiers comme à un « être suprême » reconnu comme seul capable d’aider l’alcoolique à vaincre sa maladie, mais qu’ils laissent chacun imaginer librement à sa manière. Pour les uns, cet « être suprême » sera sans doute le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob — et de Jésus-Christ. Pour d’autres, ce pourra tout aussi bien être le Bouddha, le « Grand Horloger » de Voltaire, voir l’un des élohims de Raël. Mais pour d’autres encore, il pourra simplement s’agir de la figure d’un disparu marquant, d’une force spirituelle diffuse dans le cosmos, ou d’une petite flamme intérieure intacte et tenace. Les A. A., dont la tolérance et l’humour sont légendaires, s’interdisent tout jugement en la matière. Si l’un de leurs membres trouve quelque réconfort à se représenter l’« être suprême » comme une grosse locomotive, un éléphant rose, un petit tas de merde en plastique ou... un invertébré gazeux, selon l’irrévérencieuse expression d’Albert Einstein, so much the better for him !

[Extrait du Petit traité de la vraie religion]

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