La salade grecque «horiatiki»
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Je suis sûr, ô cyberlecteurice, que tu fais au moins d’aussi bonnes salades — et je ne serais aucunement vexé, bien au contraire, que tu en concoctas de meilleures. Ces petites pages de recettes n’ont d’ailleurs aucunement la prétention d’être le nec plus ultra de la webgastronomie! Mais tu sais que j’ai un faible pour les recettes qui ont le pouvoir de faire partir en voyage virtuel. Et celle-ci goûte la Grèce comme... l’Italie la tomate, et Caraquet la poutine râpée!
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«Horiatiki» — ou «kotiatiki», le H est vraiment dur et aspiré —, veut simplement dire «[à la] paysanne». Il s’agit donc d’une solide salade (oups...) qui n’a rien de fancy mais qui constitue un rafraîchissant et substantiel repas estival, surtout par temps de canicule, on ne peut plus conforme, en outre, aux canons de la millénaire «diète crétoise» réputée faire des centenaires à la pochetée.
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Elle est très simple à préparer: des tomates en quartiers, des concombres en dés, des oignons en rondelles, le tout parsemé d’olives noires — celles de Kalamata s’imposent bien sûr ici (mais ne faites pas comme à Sparte autrefois: ne mangez pas que les noyaux!). Coiffez tout ça de fines tranches de féta et saupoudrez de l’origan haché — si possible frais, mais on n’est pas toujours au mois d’août...
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Pas besoin de vinaigrette compliquée pour relever cette salade qui a l’honnête simplicité d’un berger ou une bergère hellène du temps d’Homère (encore que, les bergers et les bergères grecs...) : un filet d’huile d’olive, un peu de vinaigre de vin — évitez bien sûr le vinaigre blanc distillé: ça, c’est bon pour laver les vitres et les planchers. Une bouteille de bon vinaigre de vin vous durera longtemps. N’hésitez pas à l’investissement.
Bon, voilà, ce n’est QUE ça! Ç’aurait évidemment pu tenir en trois lignes mais... Il me reste une suggestion à faire, pour que ça devienne vraiment magique...
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Ouvrez une bouteille de retsina bien fraîche, mettez — si vous en avez — un disque de Tsitsanis ou de Melina Mercouri, et fermez les yeux — en rêvant que vous êtes à une terrasse près de quelque sublime ruine et, ce qui est encore mieux, à l’heure du crépuscule devant le cap Sounion...
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Vous connaissez le retsina, au fait?? Non? Oui? Vous n’avez pas aimé ça la fois où vous en avez bu? Bon... C’est un peu particulier, certes, ce vin qui a un arrière-goût de... térébenthine! Vous savez d’où ça vient, bien sûr: les anciens Grecs mettaient de la résine (d’où l’appellation «retsina») dans leur vin pour l’empêcher de tourner, notamment lors des voyages en mer. Parfois aussi ils y mettaient de l’eau. Mais ça, ça a bien sûr davantage à voir avec la philosophie et la politique qu’avec la cuisine...
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En plus, le retsina est l’un des vins les moins chers que l’on puisse trouver ici. Vous n’avez même pas un dé à coudre de Chassagne-Montrachet ou de Margaux pour le prix de toute une caisse à la SAQ... Imaginez-le en outre, si le cœur vous en dit, servi bien frais par Ganymède, l’échanson de Zeus...
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YEASSOU!
